• Coupable de proxénétisme au Havre

    Publié le 31/07/2013 à 07H40

     

    Justice. Malgré ses dénégations, la gérante d’un bar à hôtesses du Havre, désormais fermé, a été condamnée hier à 1 an de prison avec sursis, pour avoir employé des prostituées.

    La patronne du bar avait été placée en garde à vue le 11 juin dernier

    La patronne du bar avait été placée en garde à vue le 11 juin dernier

     

     

    Au Sweet Night, bar à hôtesses du quartier Notre-Dame, au Havre, des clients ne consommaient pas que des boissons. Le tribunal correctionnel du Havre a condamné sa gérante à 1 an de prison avec sursis, hier soir, pour « tenue ou financement d’un établissement de prostitution » entre 2010 et 2013, « proxénétisme aggravé » et « exécution d’un travail dissimulé ». La patronne, Affiba, âgée de 57 ans, devra aussi régler en son nom une amende de 1 500 €. Elle a l’interdiction de gérer ou de contrôler un débit de boisson pendant une durée de 5 ans. D’autre part, le Sweet Night, en tant que société, est désormais dissous, et doit verser 5 000 € d’amende.
    Petite femme au caractère bien trempé, Affiba, originaire de Côte d’Ivoire, ne se laisse pas faire. Épaulée par son avocat, Me Stanislas Morel, elle plaide l’innocence : « Je ne pensais pas que les filles allaient plus loin qu’un petit câlin. Il n’y a jamais eu de sexe ». « Qu’entendez-vous par petit câlin ? » lui demande un juge assesseur. « Des petits bisous », répond la chef d’entreprise.
    L’affaire a éclaté le mois dernier (nos éditions du 15 juin). « Une vingtaine de clients ont été entendus par les policiers. Ils avaient payé avec leur carte bancaire. Cela a permis de les identifier. Ils ont dit qu’il existait des prestations sexuelles dans l’établissement », relate le président. Mais Affiba n’en démord pas : « Ils ont menti. Il n’y en a jamais eu ». Elle avance même une explication : la vengeance. « Ce sont des clients qui ont été mis à la porte. Alors ils essaient de me nuire. »
    Toutes les parties sont au moins d’accord sur un point : pour avoir le droit de passer derrière le rideau et de s’isoler quelques minutes avec une « serveuse », le client devait débourser 200 €, prix d’une bouteille de champagne. Les versions divergent ensuite : pour des clients auditionnés par la police et pour trois femmes parties civiles, dont une nièce de la directrice s’estimant exploitée, l’amateur de bulles avait alors le droit d’accéder au plaisir.

    Un besoin d’affection

    Pour Affiba, c’était hors de question. Me Morel enfonce le clou au moment de sa plaidoirie : « Si un client paie plus cher une bouteille dans ce type d’établissements, c’est pour avoir de la compagnie, pour qu’une femme s’intéresse à lui ou fasse semblant de s’intéresser à lui. Les bars à hôtesses constituent une activité légale. » L’avocat, qui plaide la relaxe, met en avant d’autres témoignages : « Des clients viennent, vont consommer de l’alcool et ne pas bénéficier de prestations sexuelles. » Certains vont même s’en plaindre, estimant avoir été abusés. Ils n’ont pas eu droit à un service sexuel malgré l’achat d’une bouteille.
    Le procureur dénonce une « traite d’êtres humains », « une contrainte morale, matérielle, une exploitation de la misère humaine », de la part de la gérante, qui a contrario « se donne une image de protectrice. » Il requiert principalement 18 mois de prison avec sursis.
    La condamnée, qui clame son innocence, dispose de dix jours pour faire appel.


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