Un parking à étages de 1 800 places, des bâtiments avec ateliers,
bureaux et vestiaires, trois restaurants... La centrale nucléaire de Paluel
, la première de France à lancer, en avril, ses travaux de grand
carénage (lire ci-dessous), s’est préparée à accueillir un afflux
exceptionnel de travailleurs extérieurs. Ces prestataires, près de 700 à
intervenir en permanence sur le site, approcheront les 2 500 au plus fort de
l’activité. « Depuis plus de 20 ans, EDF a choisi de confier la
majorité des opérations de maintenance sur ses centrales à
des entreprises de sous-traitance », indique le premier producteur et
fournisseur d’électricité du pays.
En 2013, elles ont assuré 80 % des opérations en France. Près de
23 000 sous-traitants ont été mobilisés, dont 21 000 en zone nucléaire.
C’est deux fois plus que le nombre d’agents EDF affectés à la
maintenance quotidienne sur les sites. La plupart de ces soudeurs,
chaudronniers, robinetiers, électriciens, mécaniciens ou logisticiens
travaillent pour Areva, Alstom, Suez, Vinci, Groupe Onet et Spie.
Qu’ils interviennent dans la même centrale tout au long de l’année ou
passent d’un site à l’autre en fonction les chantiers (ces « nomades »,
français et étrangers), tous doivent suivre trois formations obligatoires :
« prévention des risques et à la radioprotection », « habilitation
nucléaire » et « qualité sûreté prestataires ». « Le grand carénage de
Paluel est une vraie opportunité pour les entreprises de la région,
souligne Didier Pézier, président du Groupement des industriels
prestataires nord-ouest. Mais l’investissement est lourd, tant moralement
que financièrement. » Mais pour Alain Corréa, du collectif Stop EPR
ni à Penly ni ailleurs, les prestataires « ne connaissent pas les installations
aussi bien que ceux qui y sont en permanence et peuvent passer à côté de
quelque chose. »
Pour mesurer la dose de radioactivité reçue, chaque sous-traitant qui
intervient en zone nucléaire est équipé de deux dosimètres. La limite est
de 20 millisieverts par an. Les salariés doivent également porter une
tenue pour se protéger des poussières et des combinaisons étanches et
ventilées lors d’opérations spécifiques. Ils passent aussi un examen
médical en arrivant, ainsi qu’un dépistage d’une éventuelle
contamination interne avant chaque mission. « Il faudrait aussi que les
médecins qui suivent les prestataires viennent plus souvent, pour Joël
Dujardin, secrétaire général de la CGT sur le site de Paluel. On
s’inquiète également pour leurs horaires de travail. Beaucoup sont en 3 x 8
ou en 2 x 8 pour terminer les chantiers plus vite. »
S’il attend le début des travaux avec impatience, Didier Pézier n’en reste
pas moins vigilant. « Il y a un risque que certains grands groupes qui
ont décroché les marchés demandent aux entreprises plus petites
de tirer les prix vers le bas, prévient-il. La relation entre le donneur
d’ordre et l’entreprise qui sous-traite doit rester une relation de
partenariat. »
Un risque qui impose une exigence de transparence. Dommage que
la direction de Paluel ne la partage pas. Elle n’a pas donné suite à nos
demandes d’interview...
DOSSIER RÉALISÉ PAR CHARLY LE GAL